
Je viens de parcourir sa "Brève histoire de l'avenir" (paru en 2006 chez Fayard), un livre boursouflé et simpliste, caricatural, bourré de contradictions et parfois d'erreurs, qui révèle non pas l'avenir, mais les fantasmes d'un homme de gauche qui ne s'est pas complètement remis de la chute du communisme.
Ce livre "hyperbolique" est une sorte d'Apocalypse aux accents bibliques (forcément bibliques) écrite par un énarque, ce qui n'est pas le moins drôle de l'affaire. Il voit la solitude de chacun s'accroître, l'emploi devenir de plus en plus "stressant, flexible et précaire", le marché tout envahir. Le premier cavalier de l'Apocalypse est l'hyperempire, le marché triomphant, une sorte d'anarcho-capitalisme où tout est privatisé, où les individus sont des "hypernomades" hypersurveillés et autosurveillés. L'hyperempire est ensuite "broyé par les pirates" qui profitent de l'affaiblissement des Etats : c'est l'hyperconflit. Mais rassurez-vous, ça se termine bien avec l'avènement de l'hyperdémocratie, un gouvernement démocratique planétaire, en fait la social-démocratie qu'Attali aime tant, mais étendue au monde entier, avec armée unique, monnaie unique, pensée unique, seule force capable de tenir tête à la "dictature" de la liberté individuelle qui a conduit à la catastrophe...
Notre bon cryptomarxiste ne manque évidemment pas l'occasion de critiquer en bloc les marchés, car selon lui :
les faits établiront clairement qu'ils ne suppriment ni la pauvreté, ni le chômage ni l'exploitation ; qu'ils concentrent tous les pouvoirs en quelques mains, précarisant des majorités de plus en plus nombreuses ; qu'ils détournent des exigences du long terme ; qu'ils concourent à dérégler le climat ; qu'ils créent des raretés et inventent de nouvelles gratuités pour en tirer profit ensuite ; que l'espérance et la qualité de la vie ne sont pas du tout les mêmes d'un endroit à l'autre du monde ; qu'ils deviendront, avec l'hypersurveillance et l'autosurveillance, un des formes les plus pernicieuses et les plus absolues de la dictature.Dans le chapitre final, consacré à la France, le "progressiste" Attali devient un ultraconservateur collectiviste qui chante la gloire de sa patrie :
Elle a le meilleur système de sécurité sociale au monde et l'un des droits du travail les plus protecteurs ; pas un citoyen ou un étranger n'y est exclu de l'école ou de l'hôpital.Certes il reconnaît que la France est en déclin, endettée, en déficit, qu'elle sera en crise si rien n'est fait. Mais notre Pic (Piqueur ?) de la Mirandole a des solutions : réduire les dépenses de l'Etat de 10% par an et augmenter les impôts de 5% par an ! Deux pages plus loin, il veut "réduire la fiscalité du capital et de l'épargne, inciter à faire fortune par son travail". Expliquez-moi si vous y comprenez quelque chose.
Ce livre abracadabrantesque révèle moins un avenir possible que le désarroi d'une gauche étatiste et redistributrice, confrontée à la mondialisation, qui refuse d'admettre que la liberté soit un bien en soi, le marché un simple lieu d'échange, et ne voit pas que l'Etat n'est pas la solution, mais bien le problème.
4 commentaires:
Bonjour Laure Allibert,
j'attends avec impatience votre réaction sur le moratoire des OGM, qui prive nos agriculteurs de liberté et de revenu, tout ça au nom d'une écologie politicienne.
Quel courage de lire un ouvrage de ce (triste) guignol !!
Ce livre est arrivé par hasard chez moi, et j'étais curieuse de savoir ce qui se cachait derrière un titre aussi prétentieux...
Quant aux OGM, si je dois parler de tout ce qui ne va pas dans ce pays, je risque de devoir y passer l'année 2008...
Il ne manque que "l'Etoile Noire", Luke Skywalker et la Princesse Léa ( Ségolène?) dans le récit de ce sinistre pitre! J'imagine déjà Sarkozy-Vader dire à Besancenot "je suis ton père" ;-)))
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